Verena Villiger, Fribourg - Switzerland

2018 mai 17  [French]

Vernissage Marc Monteleone, 17.05.2018

Monsieur le …
Madame la …
Chers invités,

Cher Marc,
Nous aurions pu intituler cette exposition: "Marc Monteleone, le retour"…
si tu avais vraiment quitté Fribourg
en voyageant de par le monde ces dernières décennies,
d'Italie en Tunisie et des Etats-Unis au Kirghizistan.
Fribourg, en tout cas, ne t'a pas quitté
puisque, d'une certaine manière, tu approfondis et honores 
la belle tradition de la peinture de paysage dans ce coin de pays,
sans cesser de rendre hommage à ton premier maître Armand Niquille.
Il faut croire que, même en plantant ton chevalet à mille lieues d'ici,
tu vois toujours, en filigrane d'un site asiatique ou toscan,
les constructions géologiques de nos préalpes
et les architectures verticales de nos cités.
En somme, où que tu sois, tu as gardé Fribourg dans les yeux.
Et tes concitoyens garderont tes images en mémoire,
comme ils ont gardé le souvenir de l'érudit bibliothécaire
qui faisait revivre dans La Liberté l'actualité d'il y a cent ans – 
les billets étaient simplement signés "F. Monteleone".
La modestie, chez vous, est un défaut qui se transmet de père en fils.
 

Depuis Homère et l'Odyssée, quand un ami revient au pays,
on lui demande de raconter des histoires.
Tu ne manques pas à cette politesse,
et comme ceux d'Ulysse tes récits mêlent à plaisir le rêve et le réel,
l'imaginaire et le vécu, le merveilleux et le trivial.
Tu lâches des autos sur des pistes autoroutières dans le silence des montagnes,
tu empiles des cubes de béton pour doter le Moléson d'un soubassement urbain,
tu fais survoler la rigoureuse ordonnance de la place du Dôme, à Bamberg,
par un troupeau de moutons déguisés en nuages,
et tu arranges la plus douce des lumières
pour faire frissonner une petite lessive de soutiens-gorge.
Ulysse non plus ne manquait ni d'astuce ni d'ironie.
J'aperçois tout de même une différence notable :
dans aucun des pays qu'il a traversés,
lui n'a jamais, que je sache, versé dans l'abstraction.
Admettons donc, pour résoudre le problème,
qu'après cette sorte d'errance
tu as fait retour dans le royaume du paysage et de la figuration.

J'arrête ici mon propos, 
parce qu'il appartient à Claude Reichler
d'introduire le public de ce vernissage
dans le cœur de ton œuvre et de ton art.
Avec cet essayiste et historien,
spécialiste de la littérature du paysage et du voyage,
nous pouvons aussi parler de retour, 
puisque sa carrière l'a conduit à enseigner
dans diverses universités d'Europe, des Etats-Unis et du Japon.

Ce soir, il arrive de Lausanne.
C'est moins loin, quoique…
Mais les Fribourgeois, les vrais, n'ont pas oublié
qu'il est doublement des leurs,
ayant dans sa jeunesse recueilli leurs applaudissements
à la halle de la Vignettaz, sous le maillot de Fribourg-Olympic,
et au balcon de la cathédrale
sous la chape, la mitre et la barbe de Saint-Nicolas.
Je lui cède le micro.

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Je remercie l’accordéoniste Georges Voillat et le contrebassiste Laurent Gevisiez 
d’égayer notre soirée festive et d’en faire un vernissage-musette.

Et je remercie très cordialement Claude Reichler
de son parcours poétique à travers l’œuvre du peintre.

Pour la mise sur pied de cette exposition,
la Providence m’a envoyé un ange
(c’était justement durant l’exposition
« Le monde des anges »… !) :
Esther Wolff, ayant rejoint l’équipe du MAHF comme stagiaire,
s’est présentée un jour dans mon bureau et m’a dit :
« Verena, tu as trop de travail.
Laisse-moi t’aider pour l’expo Monteleone ! ».
Esther, es-tu ici ? Je te prie de te lever.
Je ne sais pas comment j’aurais fait sans toi !

Les tableaux de Marc Monteleone, vous le verrez,
sont parfois assez grands,
mais il a fallu les amener à Fribourg depuis le Kirghizistan.
Le peintre les a donc roulés pour le voyage,
et les a retendus sur châssis à Fribourg.
Claude Breidenbach, l’un des deux restaurateurs du musée,
a veillé à ce qu’ils soient en parfait état.

L’ébéniste Donovan Cantoni
a créé, avec goût et précision,
les cadres des peintures,
tandis que les œuvres graphiques
ont bénéficié des miracles du saint encadreur
Hilaire Corminboeuf et de sa femme Laurence.

Les décors de scènes que Marc Monteleone
a élaborés pour tant de spectacles – 
créations monumentales mais éphémères –
ont été immortalisés dans un film d’animation
signé Valentin Monteleone et présenté à l’espace vidéo du musée.

De toutes ces pièces, et avec le savoir-faire qu’on leur connaît,
Daniel Pillonel, Philippe Zablot, Marc Hulmann et Etienne Diethelm
ont construit la belle exposition que vous allez découvrir.


Pour que celle-ci dure au-delà d’un été,
un Cahier d’artiste est à votre disposition (montrer).
Les œuvres les plus imposantes, photographiées par Francesco Ragusa
y sont commentées par les plumes délicates
de Frédéric Wandelère et de Jean-Robert Gisler. 
Merci à Hubertus von Gemmingen et à Madeleine Joye
d’avoir traduit les textes et veillé à leur bienfacture.
Merci à Sophie Toscanelli
de les avoir mis en page avec élégance.
Et merci, finalement, au Service de la culture
d’avoir soutenu cette publication.

Même une belle affiche ne suffit pas
pour informer les Fribourgeois d’une exposition.
Il faut que les journaux relaient la nouvelle
et qu’ils parlent du travail de l’artiste.
Claudine Dubois et Marjorie Virdis Mager
ont ici soutenu nos efforts.

Et que dire des mille autres devoirs
nécessaires au succès d’une telle manifestation ?
Les tâches d’administration ont été dirigées, avec son brio habituel
mais, hélas, pour la dernière fois, par Jacques Chassot.
Et les tâches d’accueil, de surveillance, de nettoyage et de logistique ?
Les noms des collègues que je n’ai pas le temps de citer ici
sont mentionnés sur l’impressum, dans l’exposition même.
Que toutes ces personnes soient très chaleureusement remerciées !


Pour finir, évidemment, ma reconnaissance va à Marc pour avoir joué le jeu :
car la muséographie de cette exposition
est en bonne partie son œuvre.

Et maintenant, avant de vous inviter
à découvrir le monde de Marc Monteleone
et de déguster à l’apéritif des spécialités bien de chez nous,
préparées par les Délices de la Ferme,
je vous propose d’écouter encore une fois
Georges Voillat et Laurent Gevisiez.