1987 [French]
L’approche de Monteleone vise à épuiser les charmes qu’offre le spectacle du monde immobile. Conscient que le visible se prolonge dans l’invisible et se répercute en significations spirituelles, il ouvre ses paysages au monde de la délectation.
Mais à quoi tient le plaisir du spectateur ? Il tient à une infinité de choses. En premier lieu à l’équilibre : tout est ordonné, disposé par la répartition des clartés en une affirmation statique qui accentue dans son œuvre le sens de la pérennité. Evitant tout allusion à l’éphémère et à la mobilité, sa démarche est résolument « classique ».
Ensuite il y a la musique. Derrière la secrète harmonie de ses paysages, la composition se plie aux directives d’une géométrie rigoureuse dont les constructions humaines – villages accrochés aux collines – ne sont que la partie visible d’un réseau complexe de lignes qui trouvent leurs points de fuite et de rassemblement en des lieux patiemment déterminés. Les ondulations délicates de la terre de toscane, qui s’apparentent parfois à de voluptueuses draperies, et l’articulation subtile des plans trahissent un talent de coloriste très affirmé : ce jeune artiste fribourgeois n’est- il point déjà, par ascendance, à la confluence de la Hollande et de l’Italie, des lumières feutrées du Nord et de l’éclat des tonalités du Sud, de la retenue et de la flamboyance, de la profondeur et du chatoiement ?
Jean-Robert Gisler (1987)